
Aujourd’hui partie indispensable d’une cuisine, l’évier tel que nous le connaissons maintenant est relativement récent, mais ses origines remontent jusqu’à l’antiquité.
Le mot évier vient probablement du latin aquarium, qui signifie eau, mais il a subit de nombreuses transformations avant de devenir notre mot d’aujourd’hui.
Les ancêtres de nos éviers n’étaient au mieux que des pierres creusées et polies lentement, avec une simple rigole pour évacuer l’eau ou parfois un trou que l’on viendra boucher à volonté.
Pour comprendre la place de l’évier ou des autres accessoires d’entretien, il convient de se rappeler que les dispositions des demeures ont énormément évoluées au fil de l’histoire de l’humanité, et que certains progrès ont peu à peu bouleversés nos habitudes.
L’évier avant l’antiquité.
Pendant longtemps, le transport et la conservation de l’eau a été un problème récurrent. On transportait l’eau dans des outres en peau tannée ou dans des pots en terre cuite. L’ensemble de la vaisselle se limite alors à la cuillère et au couteau, et on mange dans des bols en bois ou en terre. Par ailleurs, on s’installait de préférence près de points d’eau, ce qui permettait de laver aliments et ustensiles directement à la rivière.
Ce n’est finalement qu’avec l’expansion des premières villes que les besoins ont changé.
L’évier pendant l’antiquité.
Avec le développement des villes, de plus en plus grandes, le problème de l’approvisionnement d’eau va vite devenir un élément crucial et vital. Chaque civilisation va développer ses propres solutions, culture en escaliers, aqueducs, tout-à-l’égout, canalisations en terre, en plomb, en cuivre, fontaines, vis d’Archimède… Nombreux sont les exemples de l’ingéniosité humaine.
Mais la plupart du temps, l’eau ne parvient pas directement jusqu’aux habitations mais à des puits ou des fontaines ou elle sera puisée avant d’être transportée chez soi. Le seau est alors l’outil principal, mais c’est à ce moment qu’apparaissent réellement les premiers éviers dignes de ce nom.
Vastes vasques de pierre remplies manuellement (les robinets sont encore rares), elles servent aussi bien à laver les légumes que la vaisselle, mais n’équipent réellement que très peu de foyers. En effet, pas forcément des plus pratiques, elles n’apportent alors que peu d’avantages par rapport au baquet, ne sont pas vraiment faciles à vider ou à remplir et sont fixes.
Ainsi, même si les bains et autres accessoires pour ablutions vont se multiplier à l’époque, la cuisine en revanche ne profite que peu des avancées de la plomberie.
L’évier jusqu’à l’époque moderne.
Au Moyen-âge, le tissu urbain change complètement. Après les invasions barbares et la chute de l’Empire Romain, les villes sont en partie détruites puis délaissées. Les avancées obtenues sont parfois oubliées ou mises de côté, et nombre d’objets du quotidien disparaissent.
L’évier est alors appelé l’aquarium, et quasiment tout objet destiné à recevoir de l’eau, quelque ce soit la destination finale. Il est alors l’auge pour nourrir les cochons, l’abreuvoir pour les chevaux, le lavoir pour le linge ou un simple réservoir.
La vaisselle se fait alors soit dans un seau, soit dans une simple cavité, parfois creusée directement dans les meubles épais en bois, voire même dans le sol. Les ustensiles de toutes façons sont encore basiques, certaines familles n’ayant même pas d’assiette mais juste des bols. En effet, il était coutumier à l’époque de se servir d’une large tranche de pain sur laquelle étaient posés directement les aliments. Cela avait l’avantage de ramollir le pain et d’offrir des repas plus consistants même en périodes de disette, nombreuses à l’époque. Tout au plus, trouve t’on à l’époque de larges tablettes sur lesquelles sont posés directement les seaux ou les bassines.
Le terme d’évier qui semble apparaître dans sa forme moderne que tardivement ne désigne d’ailleurs pas l’objet que nous connaissons maintenant, mais simplement le canal creusé dans la cuisine dans lequel on jetait les eaux sales et autres immondices.
Il faudra finalement attendre le XIXe siècle pour la définition d’évier représente l’objet tel que nous le connaissons maintenant.
L’évier moderne.
Grâce au développement de la plomberie, de plus en plus de foyers vont être équipés non seulement de l’eau courante, mais aussi de conduites d’évacuation.
C’est en Angleterre qu’apparaissent les premiers éviers en faïence, qui seront soit de simples cuves avec une évacuation, ce qu’on appellera le type « Londres » soit avec un trop-plein (type Belfast). Encore réservé aux maisons bourgeoises, il va se démocratiser peu à peu et se moderniser.
À partir du XXe siècle, il va s’imposer comme un article essentiel de la cuisine. De la pierre du début puis de la faïence, il sera bien vite décliné dans les nouveaux matériaux modernes comme le verre, l’inox ou les matériaux composites. Puis il va se moderniser. D’une simple cuve il passera à la double cuve quand la place est suffisante, mais surtout, il sera accompagné de la paillasse, plan légèrement incliné et le plus souvent rainuré qui permet de poser la vaisselle à sécher. Enfin, le siphon est l’élément qui offre la possibilité de ne pas bloquer toute une installation et de palier à tout bouchon intempestif rapidement et sans connaissances approfondies en plomberie.
En bref, l’évier tel que nous le connaissons aujourd’hui, et qui nous apparaît comme un élément essentiel de notre quotidien n’est en fait qu’une invention relativement récente. Il n’a d’ailleurs pas été utile jusqu’au développement de la plomberie et de la démocratisation de l’eau courante et du tout-à-l’égout.